Sophie Delmas : tout le bonheur de la comédie musicale

Publié le par interviewexclusive

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ophie Delmas est actuellement Dona, le rôle principal de « Mamma Mia ! », la comédie musicale créée en Angleterre à partir des chansons d’Abba, qui triomphe dans le monde entier, depuis octobre 2010 à Paris et dans la France entière bientôt. A Courchevel, elle a pris, par fidélité et par plaisir, la charge avec Edwige Chandelier, du deuxième stage jeune de découverte de la comédie musicale. Rencontre avec le charme et le bonheur de transmettre.

 

Seize jeunes de 8 à 14 ans, principalement de Courchevel, sont venus, du 22 au 26 août, sacrifier une semaine de leurs vacances, pour suivre les riches enseignements de Sophie Delmas, artiste de comédie musicale, coach vocal et d’Edwige Chandelier elle aussi coach vocal, artiste danseuse et chanteuse (avec Mylène Farmer, Lio, de nombreuses comédies musicales dont le Roi Lion pour laquelle elle prépare les enfants du spectacle). Toutes deux des professionnelles de très grand renom et passionnées de cet art, aujourd’hui culte, de la comédie musicale. En cinq jours, ils ont expérimenté leurs voix, leur expression corporelle pour la mise en scène et l’interprétation d’un spectacle, le dernier jour, devant les familles, les amis et d’autres spectateurs.

 

Sur des scènes du Roi Lion, de Mozart, Mamma Mia, Raiponce, la chanson A vous dirais-je Maman, ils ont répété et répété encore leurs différents rôles, ils se sont pénétrés du haut niveau de qualité apporté par les deux comédiennes et ont goûté les joies de monter et jouer sur scène. Une semaine très intense, exigeante, éprouvante même, mais récompensée par une salle enthousiaste.

 

Mais qu’est venue faire Sophie Delmas à Courchevel ? Elle la Toulousaine, extrêmement prise par Mamma Mia, le spectacle du moment qui fait salle comble au théâtre Mogador et qui connaîtra deux années, 2012-2013, de tournée en France. Dont une date à Chambéry, au phare les 25 et 26 septembre 2012.

« Le stage a été créé l’an passé, mais cela fait une bonne dizaine d’années que je viens à Courchevel. J’ai un lien très fort avec cette station. Pour son gala de patinage, j’ai joué L’Ombre du géant, la comédie musicale écrite par François Valéry. Enthousiasmée, la fédération française de patinage m’a demandé de faire une tournée de chant pour accompagner les prestations des patineurs. J’ai noué des relations, des amitiés, et l’office des sports m’a sollicitée pour être la marraine de ce stage jeunes. »

 

En 2010, une dizaine de jeunes participe au premier stage. Cette année, 16 se sont inscrits. L’engouement monte en puissance. « Tous ceux de l’an passé sont revenus, tellement ils sont passionnés. Ils reçoivent les chansons, un mois avant et nous avons cinq jours pour faire un miracle : préparer un spectacle ! » C’est pour Sophie un moment ludique, mais un challenge pour lequel elle ne sacrifie rien à son exigence de qualité.  « C’est un stage sous notre nom,  notre image,  ce n’est pas une fête de patronage, il y a beaucoup de travail et de qualité. J’essaie de faire des choix qui plaisent, de transmettre tout ce qu’on fait sur de grandes scènes. Je suis fière de les voir devenir des artistes de comédie musicale. Pour moi c’est le bonheur de transmettre, partager tout ce que j’ai appris et vécu. »

 

Qui sont vos grands-parents, grands chanteurs d’opéra, auxquels vous vous référez toujours pour situer l’origine de votre passion ?

 

Il s’agit de Luc Delmas et Geri  Baltini. Des supers chanteurs d’opéra à Toulouse et sur de nombreuses scènes. Je les ai toujours vus chanter, c’était leur raison de vivre. Ma grand-mère, malheureusement disparue, à 80 ans écrivait et créait toujours des spectacles. Mon père donne toujours, il a plus de 80 ans, des cours de chant.

 

Et vos parents ? N’y a-t-il que vous pour avoir pris la relève ?

 

Mes parents étaient dans l’industrie pharmaceutique. Ni eux ni mes frères et sœurs n’ont été attirés par la musique. La passion a sauté une génération. Ce sont des choses qui ne s’expliquent pas.

 

Sophie Delmas est de famille toulousaine, elle y a vécu une partie de son enfance, jusqu’à 17 ans. « Je suis née en banlieue parisienne, mais je suis revenue à Toulouse et repartie à Paris pour le chant. » Formation au Studio des Variétés, chant avec le groupe « 3 Fois Danger », avec Mouloudji, Mariah Carey  à Bercy. Elle connaît l’inévitable période des pianos-bars, des petites scènes, des groupes. Le parcours du combattant des chanteurs opiniâtres. « Une progression lente, mais certaine. » Et la notoriété, petit à petit va lui ouvrir la porte. Elle enchaîne les comédies musicales : Un conte de Noël, L’Ombre du géant, Autant en emporte le vent, Showllywood. Sa rencontre avec Pierre Cardin est décisive.  Il lui offre la grande chance de créer un spectacle « Bonjour Paris », autour des grandes chansons françaises, qu’elle donne dans le monde entier. Avec Richard Cross, elle devient coach vocal, en 2009, elle joue des rôles de sorcières dans Dothy et le magicien d’Oz et en 2010, elle rejoint la troupe de Mamma Mia où elle tient le rôle de Dona. Et la consécration.

 

Si je ne chante pas je meurs !

 

La comédie musicale, ce n’est pas un peu le parent pauvre de l’opéra ? Rêviez-vous, comme beaucoup de filles, de devenir une princesse ?

 

Ce n’est pas du tout le parent pauvre, la comédie musicale n’a rien à voir avec l’opéra. Ce dernier ne m’a pas attirée. D’être une princesse non, mais une artiste oui ! Artiste chanteuse et si je ne chante pas, je meurs !

 

Vous n’auriez pas été tentée par une carrière de chanteuse comme Mauranne, Lara Fabian, Céline Dion… ?

 

Tentée oui, si on m’avait approchée avec des propositions de qualité. J’ai eu des opportunités, j’ai fait des rencontres, mais ça ne s’est pas concrétisé. J’ai démarré en même temps que Lara Fabian. Elle avec beaucoup plus de communication, de visibilité que moi, j’aurais eu du mal… J’ai quand même connu et interprété la chanson française avec Pierre Cardin et le spectacle « Bonjour Paris » qui reprenait les grandes chansons françaises.

 

Avez-vous des enfants et si oui, souhaiteriez-vous qu’ils deviennent chanteurs ?

 

J’ai un fils, il est encore jeune, il a un côté showman, mais ce n’est pas ça qui fait un artiste. Ila le temps, et je le laisse libre, de choisir ce qu’il veut.

 

Que leur dites-vous à ces jeunes qui veulent percer dans la chanson en passant par la Star Académy, la Nouvelle star… Où qui s’enflamment pour la comédie musicale, Starmania, Notre-Dame de Paris… ?

 

Ceux qui ne jurent que par la téléréalité, je m’empresse de les désillusionner. Il faut leur faire prendre conscience que la carrière de musicien, de chanteur, c’est tout autre chose. Pour la comédie musicale, je les encourage à y aller. Mais tout remettant bien les choses à leur place.

 

Le plaisir de chanter est toujours le même ?

 

Intact ! Avec Mamma Mia j’ai touché à la case acting, actrice complète. Le rôle de Dona, un personnage fort, une femme indépendante  - j’y trouve des similitudes avec mon parcours, moi-même - m’a nourrie, m’a fait grandir.

 

En dehors de tout ça, qu’est-ce que vous aimez faire d’autres ? De quoi rêvez-vous ?

 

Toute ma vie tourne autour de la chanson, de la musique. Et ça prend toute la place. Je suis en plus coach, j’ai créé des ateliers amateurs. Il n’y a rien de surdimensionné dans tout ça, mais je m’y consacre complètement.

 

Je m’achèterai mon propre théâtre

 

Qui est votre chanteur ou chanteuse préférée ?

 

Je suis très éclectique, j’aime beaucoup de styles de musique et de chansons. Je ne peux pas nier que je suis amoureuse de Barbra Streisand, j’aime énormément Placido Domingo, La Callas, plus actuels Diana Crall, Stacey Kent, Michael Bublé et plein d’autres. J’apprécie toute cette nouvelle génération de jeunes Sinatra. J’essaye d’aller voir les autres comédies musicales. C’est un petit univers, on se connaît tous, on est des copains.

 

Une qualité ou un défaut que vous aimeriez avoir ?

 

J’aurais aimé être bilingue pour passer les castings à Londres ou à New York. Nous n’avons rien à leur envier, mais quand même, j’aurais adoré ça ! Être comme eux, totalement pluridisciplinaire. Ce qu’on n’accepte que très mal en France. On est dans des rôles, des fonctions et on ne peut pas en sortir. Vous êtes acteur, vous ne pouvez pas encore aussi facilement devenir en même temps chanteur, danseur…

 

La crise actuelle, l’état du monde : guerres, misère, catastrophes naturelles, qu’en pensez-vous ?

 

Il y a un bon moment que je n’allume plus la télé. Il est déjà difficile d’assumer son quotidien, je suis extrêmement sensible, et s’il faut en plus trop souffrir de toutes les horreurs… Ma vie à moi me suffit largement. Il faut assumer chaque jour la pression, il faut être au top tous les soirs. On doit se protéger et aborder le reste du monde avec modération.

 

Vous gagnez au loto, que faites-vous de l’argent ?

 

Je m’achèterai mon propre théâtre ! J’investirai dans des choses intelligentes. Je pourrai enfin me concentrer sur ce dont je rêve, avoir une espèce de one woman show, énergique et drôle, une voix sur scène.

 

Avez-vous un point de vue sur la place de la femme ?

 

Je pense qu’on a une belle place. Je ne suis pas MLF. On a drôlement besoin des hommes, et vice-versa. L’un et l’autre sont complémentaires, avec des regards différents, ils s’équilibrent.

 

Vous comptez mourir sur scène où vous vous arrêterez avant ? Et pour quoi ?

 

J’amorce déjà ma reconversion, ma sortie. Avec ces ateliers à Courchevel, avec ceux à Paris, je suis devenue coach, je travaille à transmettre. On doit le faire, avant que ce soit la scène qui vous quitte. Il ne faut surtout pas devenir une vieille chanteuse et savoir partir au bon moment, quand on est encore reconnue.

 

  Interview :  Luc Monge

  Photos : Daniel Giry

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