Cendrine Dominguez : le beau sourire d’une passion pour la montagne

Publié le par interviewexclusive

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endrine Dominguez, élue municipale des Contamines-Montjoie était à Saint-Gervais où elle avait initié une exposition de photographes de montagne régionaux ou de renommée régionale et internationale. Onze photographes : Patrick Blin, Lea Dominguez, Eve Dufaud, Dan Ferrer, Jean-Francois Hagenmuller, Patrice Labarbe, David Machet, Robin Marck, Christophe Sidamon-Pesson, Pierre Vallet, Les Frères Gay-Couttet. Une vingtaine d’expositions, la montagne la plus prestigieuse partout autour, de l’histoire à aujourd’hui, d’hier à l’imaginaire, rencontre avec une pure et simple passionnée de culture, d’art, comme de toute la richesse du milieu montagnard.

 

Il n’en est rien. Il n’en est rien des hypothétiques impressions d’une femme adulée, sophistiquée par une carrière télévisuelle et radiophonique, lassée des interviews journalistiques. C’est un sourire, une aisance, une jovialité toute de beauté, qui mettent immédiatement en relation. En phase avec des attentions tout particulièrement dédiées à une passion pour l’expression du beau.

 

Vous êtes à l’initiative de cette exposition, de ce premier festival Mont-Blanc Photo, qu’en attendiez-vous ?

 

J’avais envie d’un événement d’envergure artistique. Ma fille Léa est photographe et j’avais vu ses photos du Dôme de Miage. J’ai compris que c’était de l’art. Là est née l’idée d’un festival de photos sur la montagne. Et le proposer sur cinq communes s’est imposé comme une évidence. C’est la richesse de la diversité et j’avais envie d’une balade d’une ville à l’autre. La montagne c’est la balade, j’ai imaginé un parcours balade avec l’image.

 

Comment avez-vous fait la sélection des photographes présents ?

 

J’ai travaillé avec David Machet, avec Image Innée à Cluses. Ils nous ont fait découvrir les photographes. Et il y a des talents ici. Ont été mis en avant ceux qui font un travail reconnu de photo de montagne. J’ai deux objectifs précis vis-à-vis de cette exposition : un rendez-vous annuel avec les passionnés de photo de montagne et crée un label photo art et montagne. Les photographes qu’on sélectionne doivent jouer le jeu de l’art et de la montagne.

 

On imagine que vous travaillez déjà sur la prochaine édition…

 

Effectivement ! On va pousser notre attention au-delà des frontières, vers l’Italie, vers l’Europe. Nous voulons aller vers des regards croisés. Toujours avec les mêmes objectifs et nous voulons développer un regard sur des écritures, sur des auteurs. »

 

Le beau, la montagne et la culture

 

Entrez dans l’expo, poussez vos pas d’une photo l’autre, et si de voyage il ne vous paraît pas, reprenez ! Il ne saurait vous échapper qu’au cœur de chaque photographie, celle d’un sommet, d’une neige, matière ou d’une bête, d’un effort, exploit encore ou bien trace de vie, une multitude de voies à entreprendre attend ceux qui se laissent pénétrer de l’inspiration. Ces photos ont figé l’instant, l’histoire, tout en restituant du mouvement, des aventures, des destinations et tant de songes. À vivre, elles vous font don. Rien moins que ce qui anime la célèbre animatrice, aujourd’hui de Téva Déco, hier de Fort Boyard ; toujours actuellement d’une émission Déco maison sur Europe 1

 

Justement, la déco, vous n’en avez pas marre ?

 

Non ! C’est comme si vous demandiez, vous n’en avez pas marre d’un café ! Comment voulez-vous que je sois lassée, je découvre tout le temps, des lieux, des gens, des richesses décoratives. La déco, c’est un domaine inépuisable, d’une variété infinie. Dans chaque lieu, dans chaque être une déco particulière, des savoir-faire à découvrir, à transmettre.

 

Oui, mais maintenant, vous qui êtes pionnière de la déco à la télé, êtes face à une sérieuse concurrence ?

 

La concurrence me dope ! J’ai toujours fait à ma façon, sans regarder les autres. Et je suis toujours là pour initier les tendances !

 

Valérie Damidot, amie ou ennemie ?

 

Je ne la connais pas très bien. Elle fait du travail remarquable, du divertissement drôle et qui attire les gens vers la déco, le bricolage, les astuces, le plaisir de faire. C’est un boulot que je ne saurais pas faire.

 

Vous travaillez plutôt toute seule ou en équipe ?

 

J’ai une entreprise et je travaille essentiellement en équipe. Mais j’ai en moi une vraie dualité. Dans la vie, je suis réellement une solitaire. Les gens d’ici me voient très souvent marcher seule. J’ai parfois l’impression d’être soûlée par le monde. Seule, je me connecte avec les montagnes. Je me recharge.

 

L’affaire DSK, ça vous interpelle en tant que femme ?

 

Oui, énormément ! Les femmes aujourd’hui parlent, osent, elles sont passées à l’action. Cela m’interpelle parce qu’on est au carrefour de quelque chose de fort… Il y aura quoi qu’il en soit, un avant et un après DSK.

 

Femme d’une esthétique de la citoyenneté du monde

 

Il y a un défaut qui vous dérange chez vous ?

 

(Rires)… Je crois, le fait de toujours vouloir voir le bon. Et quand on me met le nez dans les choses… J’ai comme une volonté permanente d’optimisme. C’est à la fois un défaut et une qualité. C’est ma personnalité !

 

Vous préférez la télé ou la radio ?

 

Incontestablement la radio ! Sans commune mesure. J’adore l’émotion de la radio.

 

Vous vivez depuis 25 ans avec Patrice Dominguez, sportif, animateur et responsable sportif renommé, le sport qu’en pensez-vous ?

 

J’aime toujours le sport. Surtout quand Patrice en parle, quand Patrice me le fait vivre. Son intelligence, sa passion me fascinent ! Sans lui le sport n’aurait aucun intérêt !

Qu’allez-vous faire quand vous serez à la retraite ? Vous viendrez finir vos jours ici ?

 

J’y pense, souvent… la question me traverse… Je suis en réalité très citoyenne du monde. Je vivrai ici pour les racines, pour mon encrage, et je continuerai à vivre partout. »

 

La définition même du montagnard, une forte attache à son sol, aux cimes et le regard, les pas dans l’au-delà. Les Savoyards sont des citoyens du monde depuis des siècles, il en est de partout ; Cendrine Dominguez se laisse entendre comme une incarnation joyeuse de cette âme des gens dans la pente.

 

Léa Dominguez : des paysages plein ses images

Si depuis environ quatre années, Léa Dominguez, la fille de Cendrine et Patrice Dominguez exerce son art photographique en professionnelle, son goût pour la photo, plus largement l’image, remonte à beaucoup plus tôt dans sa vie. « J’ai fait une filière arts appliqués et naturellement, parce qu’il fallait choisir, je suis allée vers l’image. Je voulais avoir, créer mes propres images, j’avais besoin de mon identité artistique. Maman m’a offert mon appareil photo, j’avais 18 ans et à 23 ans, c’est mon métier ! »

 

Voyageuse dans l’âme, elle mène sa quête d’image dans des contrées lointaines, hors des sentiers battus.  « J’ai commencé par faire beaucoup de photo macro, cela m’a rapprochée de la nature. Il y a deux ans, je suis partie seule et j’ai fait de la photo… »

 

Il n’en fallait pas plus pour la plonger corps et âme dans le “photo reporter”. « La photo paysage, c’est absolument mon domaine. Je me sens reporter du monde et je suis attirée par les paysages puissants, évocateurs, exigeants pour l’homme. » Sur le Mont-Blanc photo Festival, elle présente ce qu’elle a ramené d’un long périple en Amérique du Sud, dans la Cordillère des Andes. Paysages lunaires, hors normes de lacs salés, vallées perdues et surprenantes, absence ou presque de l’homme, déserts, extrêmes du monde, où chacun se retrouve confronté à lui-même à ses limites, à sa survie…

 

« Mes photos révèlent un grand voyage de solitude… J’ai fait le choix de voyager seule. J’aime raconter des histoires à travers mes photos et j’aime bien les vivre seule. »

A-t-elle connu d’autres formes artistiques : graf, tag, mode, collages, street art… elle avoue simplement « J’ai une prédilection pour la photo. J’aime avoir un instantané de ce que je vis, de ce qui est devant moi. Et je ne retouche jamais mes photos. »

 

Les yeux dans les siens, dans le pétillement de ses photos, on sent l’envie dominante de transmettre l’intensité des forces de la nature. Dans des lieux où inévitablement on est ramené à notre plus juste mesure : trois fois rien… Intensité, passion des couleurs, profondeur des étendues, richesses des tonalités, des matières, des mots dans les arrières plans invisibles, inévitablement, on est pris par ce qui s’impose à tous, une nature, grande dame d’éternité, nous infime particule, d’un petit bout d’elle-même. Sobre et magique.

 

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